1) Est-ce un signe que ma foi baisse si je ne me sens « pas bien » ? Ai-je le droit de me sentir comme ça ? Je n’ai plus goût à la prière ni à la lecture du Coran, est-ce un signe que Allah m’a « abandonné » ?
2) « Je suis fatiguée, je n’en peux plus » mais si ma famille l’apprend, ça va les affecter. Ils comptent sur moi. Est-ce qu’ils m’aimeraient toujours autant si je prenais du temps « pour moi » et donc du temps pour guérir ?
3) Je dois être forte. Je suis responsable de mes enfants. Je ne peux pas me permettre de tomber ni aujourd’hui ni demain. Quel exemple je leur donnerai si je m’écroulais ? Je ne veux pas qu’ils souffrent à cause de moi.
4) Je ne veux pas être un poids. Tout le monde a ses problèmes. Je ne veux pas « en rajouter » si je parle de ce que j’ai sur le coeur. Et puis je ne veux pas être vu comme une femme qui se plaint ni être un fardeau pour qui que ce soit.
5) Je ne peux pas parler de ce qu’il se passe dans ma tête, dans mon coeur ni dans mon corps car on me prendrait pour une folle. Et toute ma vie, on me répèterait que je suis folle. Je ne veux pas qu’on me mette une étiquette.
Ces pensées qui reviennent souvent et qui deviennent répétitives et/ou même obsessionnelles que l’on peut caractériser sur le plan religieux de waswas ne te définissent pas. Tu n’es ni folle, ni anormale et tu n’es pas destinée à vivre avec cette douleur que tu ressens en toi. Ces pensées expriment des émotions qui sont enfouies en toi et qu’il est important que tu extériorises. Tu n’es pas la seule à être dans cette situation. Sois rassurée sur le fait que les waswas peuvent se travailler.
En plus de devoir gérer leur mal-être, beaucoup de femmes musulmanes s’inquiètent des conséquences sociales d’une mauvaise santé mentale ainsi que de l’impact sur leur foi. En plus de devoir gérer leur mal-être au quotidien, certaines en ont honte et d’autres vont jusqu’à penser que c’est une « punition divine » et qu’elles doivent accepter leur sort.
Alors en plus des tracas du quotidien, de la pression qu’elles se mettent à « devoir en faire plus que les autres » dans le cadre de leur parcours scolaire et professionnel, à supporter de vivre dans un climat raciste à peine voilée et à contenir tout ce qu’elles portent, certaines craquent.